
Le 3 septembre, le déraillement d'un funiculaire à Lisbonne a fait 16 morts, dont au moins 8 étrangers. Le lendemain, des personnalités politiques se sont réunies lors d'une messe célébrée dans une église du centre de la capitale.
D'après le témoignage d'une femme relayé par les médias locaux, l'un des deux wagons jaunes du célèbre ascenseur de la Gloria, qui montent et descendent un dénivelé de 48 mètres alternativement, en système de contrepoids, a heurté brutalement la station d'arrêt habituelle au pied de la chaussée longue de 265 mètres, le 3 septembre.
Cette femme et d'autres personnes ont alors aperçu l'autre véhicule dévaler la rue pentue à toute allure, avant de dérailler au niveau d'un léger virage et de se fracasser contre un immeuble vers 18H00 locales.
Le lendemain en soirée, le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, le Premier ministre Luis Montenegro et le maire de Lisbonne Carlos Moedas ont assisté à une messe célébrée dans l'église São Domingos du Rossio à Lisbonne avant de déposer des fleurs près des lieux de l'accident.
Le patriarche de Lisbonne, D. Rui Valério a exprimé "sa proximité" avec les familles des victimes en ces temps "de séparation et de profonde douleur", dans un communiqué publié le jour de l'accident.
"En ce moment difficile, D. Rui Valério élève ses prières vers Dieu pour les victimes, tout en exprimant sa proximité avec leurs familles, en ce moment de séparation et de profonde douleur."
De son côté, la Conférence des évêques de France dit s'associer "à la douleur des familles" et prie pour les personnes décédées et blessées lors de ce terrible accident. "Elle assure de sa prière le diocèse de Lisbonne et l’Église du Portugal, qui avait si bien accueilli les Journées Mondiales de la Jeunesse il y a deux ans", a-t-elle écrit dans un communiqué le 4 septembre.
Quelle est la cause de la catastrophe ?
Lors d'une allocution télévisée, le chef du gouvernement a promis que les autorités allaient "établir toutes les responsabilités" dans le drame."Je peux garantir que la sécurité est une priorité absolue de la Carris depuis 152 ans et que nous serons intraitables dans la recherche des causes et des responsabilités de cet accident", a assuré lors d'une conférence de presse Pedro de Brito Boga, le patron de Carris, gestionnaire des transports de Lisbonne.
Plusieurs médias ont rapidement évoqué l'éventuelle rupture d'un câble de sécurité, une hypothèse que le patron de Carris n'a pas confirmée, laissant le soin à l'enquête en cours de le déterminer.
Interrogé lui aussi à plusieurs reprises sur les possibles causes de l'accident, le directeur de la police judiciaire a affirmé qu'aucune piste n'était écartée pour le moment.
"Rien n'est exclu. Nous ne pourrons prendre position que quand nous serons sûrs. À ce stade, il faut garder l'esprit ouvert", a déclaré Luis Neves :
"Face à l'avalanche de victimes, de faits et d'éléments à recueillir, avec l'implication de plusieurs structures de l'Etat, nous ne pouvons pas parler sur ce thème car cela n'aurait pas de consistance."
Après cet "accident sans précédent", "la ville a besoin de réponses", a insisté le maire de Lisbonne, Carlos Moedas.
Par souci de prévention, la mairie a suspendu le fonctionnement des trois autres funiculaires de la ville, "pour vérification de leurs conditions de fonctionnement et de leur sécurité", a précisé Margarida Castro, responsable de la protection civile municipale de la capitale portugaise.
Car la question de l'entretien du funiculaire, confié à un sous-traitant par Carris, est aussi sur toutes les lèvres.
"La maintenance de cet équipement (...) est externalisée depuis au moins 2007. Actuellement, elle est effectuée dans le cadre d'un contrat conclu le 20 août, entré en vigueur le 31 août", a précisé M. de Brito Bogas.
"Les inspections périodiques se sont déroulées sans aucune faille (...) Le plan de maintenance de cet équipement a été scrupuleusement respecté", a aussi insisté le patron du gestionnaire des transports lisboètes.
Qui sont les victimes ?
Le dernier bilan a été établi à 16 morts et cinq blessés graves selon le Premier ministre Luis Montenegro, qui a évoqué "une des plus grandes tragédies humaines" de l'histoire récente du Portugal, après avoir décrété une journée de deuil national.
Parmi les personnes mortes dans l'accident, survenu mercredi, se trouvent cinq Portugais, deux Sud-Coréens et un Suisse, a ensuite précisé le parquet.
La police judiciaire a de son côté déclaré avoir mené des recherches permettant de conclure "avec un haut degré de probabilité" qu'il y avait aussi parmi ce groupe de victimes décédées deux Canadiens, un Américain, un Allemand et un Ukrainien, portant donc à huit le nombre d'étrangers tués dans la catastrophe.
Il reste donc encore à déterminer la nationalité de trois personnes décédées dans l'accident.
Certains médias locaux évoquaient la présence d'une famille de touristes allemands parmi les victimes, une hypothèse partiellement confirmée par la police.
Selon cette dernière, un homme originaire de ce pays est mort dans l'accident, une Allemande a été grièvement blessée, comme un jeune enfant, plus légèrement touché, de la même nationalité, mais les enquêteurs n'ont pas confirmé un lien de parenté entre eux.
Parmi la vingtaine de blessés recensés, les secours avaient aussi dénombré au moins 11 étrangers : deux Allemands, deux Espagnols, une Française, un Italien, un Suisse, un Canadien, un Sud-coréen, un Marocain et un Cap-verdien.
Mélanie Boukorras (avec AFP)